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samedi 10 avril 2010

LANGAGE ET NOVLANGUE

Vous avez appris comme moi, à l'école qu'une pensée claire s'énonce clairement, vous avez comme moi appris que les mots servent à exprimer le plus justement possible les idées et que leur choix judicieux permet de donner à la pensée la précision recherchée.

Ce qui découle de ce que nous avons appris à l'école c'est notre confiance dans le langage: ce qui nous est dit est donc censé « parler » exactement comme nous devons le comprendre...

Pourtant en y regardant d'un peu près, on se rend compte des mots biaisés, des expressions vicieuses, des demi-mensonges déversés à longueur de temps par les médias. Deux petits exemples pour illustrer le propos,

Avez-vous entendu ce mot: « bénéficiaire »? Qu'est-ce qu'un bénéficiaire? Un bénéficiaire est un individu qui parce que -par exemple- il est là au bon moment, bénéficie d'un avantage quelconque. Dans les supermarchés parfois un animateur attribue un bon de réduction si on répond à une question idiote. Le plus rapide « bénéficie » d'un bon de réduction de 20% sur un téléviseur que l'heureux bénéficiaire ne peut de toute façon pas s'acheter...

On l'aura compris, le bénéficiaire bénéficie.

Maintenant, si on accole à « bénéficiaire » un mot qui énonce un droit, on fait passer l'ayant-droit dans le camp de ceux qui ne s'emmerdent pas, qui ont de la chance, dans le camp de ceux qu'on envie, parce que hein, quand même!

C'est ainsi que sont appelés les ayant-droit des minimas sociaux: « bénéficiaires » du RSA, « bénéficiaires » des allocations chômage, « bénéficiaires » d'un hébergement en foyer d'accueil... Lorsque j'entends quelqu'un parler de « bénéficiaire » de minima sociaux, après avoir ravalé mon envie de coller des baffes à qui parle si inconsidérément, je lui demande s'il n'a pas envie, puisqu'il s'agit d'un bénéfice, d'échanger son salaire contre ledit bénéfice. Je n'ai jamais eu de réponse positive.

Voilà comme on traite les plus pauvres, les plus fragiles. Mais la société n'est pas non plus avare pour traiter les plus riches. Comme quoi il y a une justice.

Un mot comme « évasion » fait penser à quoi? À enfermement, à fuite vers la liberté. On s'évade pour recouvrer une liberté dont la privation faisait tant souffrir... la preuve, le plus souvent on se sent solidaire de l'évadé.

Pourtant dans l'expression « évasion fiscale » il ne s'agit pas à proprement parler d'« évasion » mais plus simplement d'une escroquerie envers la nation. L'évasion fiscale c'est une action de sabotage économique anti-nationale qui n'a rien à voir avec l'idéal de liberté que suggère l'emploi du mot « évasion ». Les escrocs du fisc sont tous de très fortunés citoyens qui volent la nation tout entière.

Leur comportement n'est pas sans rappeler la haute trahison. On parie qu'on va les traduire devant la cour compétente en cette matière?

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