A REBROUSSE POIL

LE COMMERCE ÉQUITABLE EST QUITTABLE


Vous vous souvenez de cette pub pour les cafés Jacques Vabre dans laquelle « El Gringo » reniflait du café vert (!) et disait: « non Pédro, ton café n'est pas assez bon pour Jacques Vabre! »

El Gringo était intraitable avec le péquenot sud américain, il ne se laissait pas escroquer par ce va-nu-pieds car il avait l'intérêt des blancs occidentaux à défendre, et là ça rigole pas: on le sait tous, ces métèques sont des voleurs (comme les Arabes, les Niakwés, et globalement tout ce qu'est pas franco-français)...

Pédro était un commerçant et El Gringo aussi. Pédro qui n'était probablement pas le producteur du café mais un intermédiaire, cherchait à vendre sa camelote à un quelconque pigeon: El Gringo, qui n'était lui aussi qu'un intermédiaire.

Les commerçants font du commerce. Mais qu'est-ce que du commerce?

Commercer est entamer une relation d'échange dans laquelle intervient l'argent, sinon c'est du troc. Ce n'est qu'une question de langage: le troc a précédé le commerce avant l'apparition de l'argent qui est aussi une marchandise mais c'est une autre histoire dont on reparlera un autre jour...

Quand le drogué achète sa dose, quand le micheton va voir sa péripatéticienne préférée, quand je vais acheter mon journal, nous pratiquons tous un acte commercial: un vendeur, un acheteur, un service ou une marchandise. Ce qui détermine le prix de la transaction c'est la fameuse loi de l'offre et de la demande. Si beaucoup veulent la même chose, alors les prix montent et vice-versa. Loi en grande partie faussée par la spéculation: quelque chose n'est pas rare et pas cher, j'achète tous les stocks et raréfie artificiellement la marchandise en ne la revendant pas, ce qui entraîne la hausse des prix, alors j'écoule mes stocks en faisant un gros bénef. Autre possibilité, j'inonde le marché, les cours s'effondrent, je ruine la concurrence que je rachète pour une poignée de cerises et je contrôle donc toute la diffusion, je peux alors faire les prix qui m'intéressent: en forte hausse. Ce sont entre autres ces lois-là plus encore que la fameuse « loi de l'offre et la demande » qui déterminent les prix des marchandises. Il y en a d'autres comme la mode, la création de besoins artificiels, l'entente illicite qui permet à Darty, Auchan et les autres de pratiquer les mêmes prix sur l'électroménager.

Un autre commerce: quand le grand avec une vilaine bobine me dit: « file-moi ton goûter ou je te pète la gueule à la récré. » Le prix de ma tranquillité c'est mon goûter. En fait la vraie loi du marché c'est la loi du plus fort: le plus fort écrase la tronche du plus faible à grands coups de tatanes puis il le bouffe. Dans mon enfance, il y avait un crémier au coin de la rue, on y allait acheter son lait et les petits suisses en cartons avec le couvercle à l'envers, pour pas que ça coule dans le cabas. Aujourd'hui il n'y a plus de crèmerie, sauf une seule en ville dans le quartier chic pour les dames en manteau de fourrure et les bobos. Sinon il y a le super marché.

Le commerce équitable c'est le monde des Bisounours. Le gentil El Gringo va voir le gentil Pédro pour lui acheter son café. Le gentil Pédro ne cherchera pas à lui refourguer du café pourri par les pluies, ni du café trop vert, ni du café trop mûr, ce sera pile-poil le café parfait que son ami El Gringo qui va lui payer plus cher parce que El Gringo est vraiment un mec bien. Pas chien, El Gringo va lui filer le double de pognon et mettra sur ses emballages « café équitable ».

Que Pédro puisse vivre aussi bien que El Gringo, alors là faut pas déconner parce qu'il faudrait qu'il achète le café au moins 4 fois plus cher et là El gringo ne pourrait plus le revendre même avec la belle étiquette « café équitable »... Alors quand El Gringo retourne dans son pays avec son café payé le double il est doublement content: il se dit qu'il est un mec bien, mais qu'il a quand même bien baisé Pédro, et Pédro se dit que El Gringo est bien sympa de lui avoir payé son café le double, mais qu'au fond c'est un bel enfoiré parce que deux fois pas grand chose c'est pas beaucoup.

Le commerce équitable c'est sympa mais il y a des limites, les marchandises sont mieux payées mais pas au point de permettre au producteur de vivre aussi bien que l'acheteur: « ça va pas être possible! » Le producteur est de toute façon en position de faiblesse par rapport à l'acheteur... c'est pourquoi Pédro est quand même content. Une question en passant: le pédophile qui va payer deux fois plus cher le petit garçon Thaïlandais, pratique-t-il le commerce équitable?

Des arguments contre le commerce équitable? Ici!

On peut se demander pourquoi l'essence n'est pas issue du commerce équitable. Et la vente d'arme? Plus sérieusement, la construction délirante de centrales nucléaires (qui, ne l'oublions jamais, n'ont pour seule perspective que de nous exploser à la tête) ont besoin pour fonctionner d'uranium. Et qui est le principal fournisseur d'uranium de la France? Le Niger qui est le pays le plus pauvre du monde... Cherchez l'erreur!