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jeudi 17 juillet 2008

QUELQUES LECTURES

De retour de Barcelone dont je parlerai ultérieurement...

1- Tout d'abord Lydia Lunch. J'avais connu cette chanteuse déjantée par l'album "No New York" produit par Brian Eno en 1977. Cet album regroupait 4 formations dont DNA qui révéla le génial guitariste Arto Lyndsay, et Teenage Jesus and the Jerk dont la chanteuse était Lydia Lunch. Puis plus rien, je ne sais pas ce qu'elle est devenue jusqu'à avril dernier alors que je passais un charmant ouikande chez des amis. Je trouve un bouquin dans leur bibliothèque dont la couverture attire mon attention: l'auteur est Lydia Lunch. Je prends le bouquin pour y jeter un oeil et je le dévore jusqu'à la moitié, le temps du séjour chez mes amis, passant ainsi pour un malpoli... Sorti en 1997 aux USA, préfacé par Hubert Selby Jr, ce livre est d'une extraordinaire écriture violente, crue, haletante, sordide. Lydia raconte sa vie après qu'elle ait quitté le domicile familial à 16ans pour cause d'inceste... Le titre "Paradoxia, journal d'une prédatrice" (éditions "le serpent à plumes" 5,95€).

2- Après avoir lu plusieurs livres sur l'état de délabrement de l'Ecole dans notre pays, comme ceux de Jean-Paul Brighelli ou Marc Le Bris, je suis tombé sur un livre qui va encore plus loin. Si Brighelli et Le Bris font le constat de la réalité avec minutie et intelligence, décrivant la catastrophe de l'enseignement dans notre pays, il font aussi des propositions qui permettent d'espérer des lendemains qui déchanteront peut-être moins. Le livre dont je vais vous parler maintenant s'appelle "de la destruction du savoir en temps de paix" (éditions "mille et une nuits" 19€). Il a été écrit par un collectif de chercheurs sous la direction de Corinne Abensour. Ce livre met en lumière les raisons profondes de la catastrophe de l'enseignement en faisant le parallèle entre les directives européennes d'une part, les rapports de la Cour des Comptes d'autre part, sans oublier les différentes lois votées depuis 30 ans dans le domaine de l'enseignement. Le livre se veut complet et aborde la question de l'Université, la Recherche, l'Enseignement de la philosophie, eux aussi violemment attaqués par la législation. A mesure qu'on lit ce gros bouquin de 460 pages, on se dit que ce qui est décrit par le menu correspond exactement à ce qu'on sait déjà sauf que là tout est expliqué par le détail. La baisse dramatique du nombre d'heures d'enseignement du Français? mais c'était déjà prévu depuis longtemps! et vous lisez alors les textes qui le démontrent... C'est absolument terrifiant, démoralisant, mais faut-il au nom d'un pseudo-confort garder encore la tête dans le sable?

3- J'ai trouvé un bien beau livre de textes inédits de Guy de Maupassant. Ces textes dits "légers" voire érotiques ou même pornographiques (de Maupassant on connaissait déjà le conte pornographique "à la feuille de rose, maison turque") qui étaient jusqu'alors "perdus" en tout cas inédités. On les savait existants parce que publiés il y a plus d'un siècle dans divers périodiques à droite et à gauche, certains sous pseudonyme. Voilà un beau travail de recherche pour retrouver ces textes "olé-olé" mais de la plume de Maupassant, autant dire d'une écriture magnifique qui ravira les amoureux (comme moi) de l'ami Guy. "Coquineries" de Guy de Maupassant (éditions Lucien Souny 15€)

4- Autre livre, tout petit celui-là: "lettre ouverte au garde des sceaux pour une dépénalisation du délit d'outrage" (éditions après la lune 5€). Les deux auteurs Romain Dunand et Jean-Jacques Reboux ne se connaissaient pas mais avaient en commun d'être des citoyens très ordinaires comme vous et moi, sauf que des circonstances qui peuvent vous arriver comme à moi-même les ont conduits à avoir des ennuis judiciaires. Ils ont eu le tort de se retrouver face à des flics auxquels ils se sont pacifiquement opposés.

Imaginez que demain vous constatez le comportement révoltant de flics tabassant une femme enceinte (ça arrive bien plus souvent que vous l'imaginez), n'écoutant que votre courage, vous dites aux flics que leur comportement est inadmissible et vous leur demandez poliment de cesser. C'est là que vous avez grand tort. Au lieu de changer de trottoir, regarder ailleurs, laisser ces représentants de la Loi faire leur difficile travail, vous commettez l'irréparable. Vous risquez alors ceci: d'abord un coup de matraque dans la gueule (bien fait pour vous), les menottes, un pied sur la cage thoracique après avoir été plaqué à terre. Si vous n'êtes pas cardiaque, vous n'êtes pas mort (c'est déjà arrivé), vous êtes emmené au commissariat entre deux rangées de flics qui vous brutalisent, vous tutoient, vous insultent et là vous pensez que votre calvaire prend fin: vous allez pouvoir porter plainte pour violence en réunion, voies de faits, insultes, coups et blessures... Encore perdu! C'est les flics qui vous ont arrêté qui portent plainte contre vous pour "délit d'outrage", car vous les avez regardés de travers, leur avez mal parlé, bref vous vous êtes mal comporté envers eux. Comme vous êtes con comme la lune, vous êtes convaincu que la Justice de notre beau pays va rétablir la réalité, vous relaxer, et condamner ces salauds qui ont menti effrontément. Encore perdu! Parce qu'ils sont assermentés et pas vous, vous risquez d'écoper d'une lourde amende (jusqu'à 7.500€) et d'une peine de prison (jusqu'à 6 mois fermes). Vous vous dites "ça n'arrive qu'aux autres!" Encore perdu! Les deux auteurs de ce petit bouquin le pensaient aussi et c'est parce qu'il n'ont rien compris à ce qui leur arrivait QUAND ça leur est arrivé qu'ils se sont posé des questions APRES et ont mené une enquête. C'est ainsi qu'ils ont pu constater la très importante hausse des condamnations pour "déli d'outrage"... Ce petit livre est essentiel car il met le doigt sur une aberration de notre système politico-judiciaire qui conduit de plus en plus nos concitoyens à avoir peur de ceux qui sont censés les protéger. Personnellement je fais partie de ceux qui ont peur de la police sans avoir rien à se reprocher, c'est pourquoi, comme disait Georges Brassens, pour ne pas avoir à leur parler, je traverse dans les clous!

5- J'ai commencé un petit livre bien sympathique qui dit beaucoup sur la vie des chevaliers des XII et XIIIème siècle. Il s'agit d'une suite de fabliaux présentés en ancien français (page de gauche) avec leur traduction en français moderne sur la page de droite. Ces fabliaux sont présentés comme "libertins", ce qu'ils sont certainement au siècle où ils ont été écrits mais pas aujourd'hui où on les jugerait tout juste un peu lestes. C'est justement ce décalage qui rend ces textes intéressants car avec candeur et humour ils dépeignent de façon très vivante la vie au Moyen Âge. "Le chevalier paillard" (éditions babel 9,50€)

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